l’aperçut tout de suite, elle attendait, assise sur le banc où ils s’étaient bécotés la première fois.
Elle ne se leva pas à son approche.Elle semblait boudeuse.Il s’assit à ses côtés, passa un bras autour de son cou, l’embrassa sur la joue : - Ça n’a pas l’air d’aller chérie
Non ! Je me suis fait voler mon sac !Où ça À la fête foraine, à Pasteur.Avec ma copine Mireille, on était dans Le Train Fantôme…j’avais mon sac sur les genoux… on me l’a
arraché dans le noir… j’ai crié, mais là dedans tout le monde crie, on a peur, et on ne peut pas descendre en marche Qu’est-ce que t’as fait en sortant Je suis allée à la caisse,
la bonne femme m’a envoyée sur les roses.
Elle m’a dit que c’est ses deux fils qui font l’animation à l’intérieur, et que c’est pas des voleurs ! Ce ne sont. Ce ne sont quoi On dit : ce sont ses fils et ce ne sont pas des voleurs…La
môme Marilyn n’apprécia pas du tout cette observation, laquelle, il faut l’avouer, n’était pas de bon ton en un moment aussi dramatique.
Elle éclata en sanglots.On m’a volé le médaillon de ma grand-mère, et toi tu fais rien que dire que je cause malT’as raison chérie, mais les gisquettes qui jactent comme des branques me gonflent.Le
médaillon de ta grand-mère disais-tu Elle est morte la semaine dernière, et maman me l’a donné comme souvenir.Ma pauvre louloute… t’inquiète pas, on va le retrouver ton médaillon.Le visage
jusqu’alors renfrogné de Marilyne s’illumina d’un grand sourire : - C’est vrai ? Tu vas le retrouver ? Comment tu vas faire Paulo s’en voulut d’avoir parlé trop vite.
La môme allait compter sur lui, et il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il devait faire pour tenir sa promesse.
Il éluda : - T’as porté plainte chez les flics du quinzième Oui, ils m’ont répondu qu’il y avait trop de vols sur cette fête foraine, qu’ils ne pouvaient pas être partout, que
c’était à moi de veiller sur mon sac.M’étonne pas d’eux ! J’vais aller rôder du côté du train fantôme.Le mieux est que tu rentres chez toi, j’te tiendrai au courant
chérie.Je vais avec toi, mon Paulo Non ! j’préfère pas, on sait jamais, pourrais y’avoir de la castagne, et j’voudrais pas qu’on t’abîme le portrait !
Elle ne put en dire plus, Paulo, de ses lèvres goulues l’en avait empêché.Il gara la 203 dans la rue de Vaugirard, et s’en fut pédibus vers la fête foraine., les haut-parleurs d’un manège
diffusaient la voix de Piaf : « La fête bat son plein,
Musiques et manèges,Nougats, carabines, voyantes, femmes nues,Du matin au soirC’est un long cortèg Chansons,
Sur les chevaux de bois deux jeunes femmes soufflaient dans un mirliton . voyance en ligne
Trois jeunes conscrits les regardaient, s’esclaffant lorsque leurs jupes se relevaient.L’un d’eux lança cette fine remarque : « Baisse le capot, on voit le moteur ! »Un athlète en maillot tendit à
Paulo un poids de vingt kilos tenu entre le pouce et l’index : « Tenez, jeune homme, si vous en faites autant, vous pourrez vous l’épingler comme
Des badauds s’arrêtèrent, espérant
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